Grand débat national : qu’en est-il de l’accessibilité ?
Le grand débat national qui se termine le 15 mars, a pour objectif de donner la parole à tous les français, qu’ils soient handicapés ou non, afin qu’ils expriment leur point de vue sur quatre grands sujets. Vraiment tous les français ?
Engagé en janvier, le grand débat national est sur tous les écrans et dans toutes les mairies. Il a pour but de donner un réponse quant à la crise sociale qui sévit actuellement dans l’hexagone. Emmanuel Macron invite donc tous les français donner leur avis sur quatre sujets : la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’État et de ses services publics, la démocratie et la citoyenneté. Cependant les français en situation de handicap ont de grandes chances de rencontrer quelques difficultés à exprimer leur opinion sur ces sujets.
L’accès aux salles de débat
Subsister avec des ressources supérieures au seuil de pauvreté, espérer que son dossier de demande d’indemnisations soit traité en temps et en heure, et non dans des délais interminables, ne pas tenir compte des ressources du mari ou de l’épouse d’une personne handicapée dans l’octroi de l’allocation aux adultes handicapés, le respect des normes pour les personnes handicapées etc… : les points dont on pourrait débattre sont nombreux. Mais voilà, le manque d’accessibilité des locaux où ont lieu ces débats (mairies, salles communales, etc…), mais également des outils de la concertation, risque de ne pas simplifier la tâche aux personnes en situation de handicap. Un kit a bien été remis aux organisateurs de ces réunions publiques sur le site internet du grand débat. Sans faire clairement allusion au handicap, il recommande : « Nous vous conseillons de faciliter par tous les moyens la participation du plus grand nombre et notamment des plus jeunes et des plus âgés. » Plus loin, il invite plus clairement à « faciliter l’accès aux personnes en fauteuil roulant ».
Pour le reste, a précisé le secrétariat d’État en charge des personnes handicapées, cela se fera en fonction de l’accessibilité des lieux où auront lieu les débats.
Par ailleurs, la commission en charge de l’organisation du grand débat, un service du Premier ministre, s’annonce confiant. Pour cette dernière, désormais, les salles communales sont pour la plupart accessibles. Néanmoins, il est tout de même conseillé de se renseigner avant de se déplacer.
Une plateforme internet pas très accessible
Pour éviter des mauvaises surprises, le secrétariat d’État incite à se servir d’une plateforme internet. D’après lui, elle a été pensée accessible dès sa mise en ligne. Un test effectué par un organisme de contrôle indépendant en a prouvé l’inverse.
En premier lieu, on y trouve aucune explication concernant les enjeux ou calendrier du débat n’est proposé en langage facile à lire et à comprendre (Falc) ou en langue des signes.
De plus, les personnes ayant des déficiences visuelles qui utilisent des lecteurs d’écran, ne sont dans l’incapacité de participer aux débats. Ils peuvent consulter les contributions des autres, consulter la présentation du débat ou les étapes qui vont le jalonner. Mais la fenêtre qui s’ouvre où il faut s’inscrire pour pouvoir contribuer n’est pas lisible avec un lecteur d’écran.
En outre, le filtre qui permettant de choisir d’afficher les réunions selon l’endroit où on habite ou de ses disponibilités dans la journée. Seule solution : faire un choix entre des centaines de rendez-vous proposés en espérant en trouver un qui leur convienne.
La commission qui chargée d’organiser le grand débat national prétend qu’elle n’avait pas été alertée sur ce sujet et se dit prête à faire le nécessaire pour corriger la situation dans les jours à venir…Et voilà encore un bel exemple de l’innaccessibilité numérique. Et ce dans un service public national !